En cas de classement sans suite d'une plainte, l'article 85 du code de procédure pénale permet à la victime d'un crime ou d'un délit de déposer une plainte avec constitution de partie civile devant le juge d'instruction.
Compte tenu des spécificités de cette plainte, il est préférable de désigner un avocat en vue de se constituer partie civile.
Quelles sont les conditions pour déposer une plainte avec constitution de partie civile ?
Sauf lorsque l'infraction en cause est un crime (meurtre, vol avec arme, viol, ...) ou constitue un délit de presse prévu par la loi du 29 juillet 1881, la plainte avec constitution de partie civile devant le juge d'instruction n'est recevable qu'à la condition que l'intéressé justifie :
- que sa plainte initiale a été classée sans suite
- qu'un délai de trois mois s'est écoulé depuis qu'il a, contre récépissé ou par LRAR, déposé plainte devant le procureur de la République ou adressé une copie au procureur de la République de sa plainte déposée devant des policiers ou des gendarmes.
La loi n'entoure pas la plainte avec constitution de partie civile d'un formalisme particulier. Il demeure néanmoins indispensable de circonstancier les faits poursuivis et de caractériser les infractions reprochées, à la fois dans leur élément matériel et dans leur élément intentionnel. A défaut, si la plainte n'est pas suffisamment motivée ou justifiée, le juge d'instruction peut entendre la partie civile et l'inviter à produire toute pièce utile à l'appui de sa plainte.
Que se passe-t-il après le dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile ?
Le juge d'instruction va constater, par ordonnance, le dépôt de la plainte et fixer le montant d'une consignation, en fonction des ressources de la partie civile. Cette consignation vise à garantir le paiement de l'amende civile encourue en cas de plainte abusive ou dilatoire. A défaut de paiement de cette consignation, la plainte sera jugée irrecevable. Toutefois, la partie civile peut être dispensée du versement de la consignation à l'initiative du juge d'instruction ou si elle bénéficie de l'aide juridictionnelle.
Le juge d'instruction communique ensuite la plainte au procureur de la République afin qu'il prenne ses réquisitions. Le procireir de la République peut :
- prendre des réquisitions de non informer s'il estime que les faits dénoncés ne peuvent donner lieu à des poursuites pénales,
- prendre des réquisitions de non-lieu s'il estime qu'il est établi, de façon manifeste, que les faits dénoncés n'ont pas été commis
- prendre des réquisitions aux fins d'informer, contre personne dénonmée ou non dénomée.
Le juge d'instruction tiendra ainsi compte des réquisitions du procureur de la République et décidera de poursuivre les investigations dans le cadre d'une information judiciaire ou de mettre un terme aux investigations en refusant d'informer ou en rendant une ordonnance de non-lieu. Avant de prendre cette décision, le juge d'instruction a le devoir d'instruire et de vérifier la réalité des faits dénoncés.
Lorsqu'il rend une ordonnance de refus d'informer ou une ordonnance de non-lieu à l'issue d'une procédure initiée par une plainte avec constitution de partie civile, le juge d'instruction a la possibilité, s'il estime la constitution de partie civile abusive ou dilatoire, et sur réquisitions du ministère public, prononcer une amende civile d'un montant maximal de 15.000 euros contre la partie civile.